Réseau de chaleur/froid

Stéphane GHIO

Directeur du développement économique en charge de l’innovation - Euroméditerranée

La première centrale de géothermie marine française a vu le jour en 2015 au cœur du Grand Port Maritime de Marseille. Baptisée Thassalia, la centrale est reliée à un réseau urbain de distribution d’énergies renouvelables permettant de fournir en chaud et en froid renouvelables près de 500 000 m² de bâtiments du quartier Euroméditerranéen, labelisé Ecocité en 2009. Pompée dans la mer à 7 mètres de profondeur, l’eau de mer est transportée dans la centrale géothermique, récupérant ainsi de la chaleur en hiver pour la restituer dans le réseau de chauffage et produisant du froid en utilisant la mer comme liquide refroidissement. Une solution en accord avec la politique de transition écologique de la ville et l’ambition de développer des bâtiments à énergie positive au sein de l’Ecocité.

Pour Stéphane GHIO, la chaleur renouvelable c’est profitable pour l’impact carbone d’un quartier en plein renouvellement urbain, mais aussi pour gagner en indépendance énergétique.

Le projet

SOLUTION RETENUE

Centrale de géothermie marine reliée à un réseau urbain

OBJECTIFS

S’affranchir des énergies fossiles d’un point de vue financier et environnemental

DISPOSITIF

Construction d’une centrale de géothermie marine reliée à un réseau de chaleur et de froid

INVESTISSEMENT

35 M d’€ dont 9.5% financés par le Fonds Chaleur de l’ADEME, soit 3.34 M d’€

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Témoignage en podcast

LES ENJEUX

La centrale de géothermie marine Thassalia fait partie intégrante du projet de rénovation urbaine Euroméditerranée, qualifiée d’Opération d’Intérêt National en 1995 et labelisé Ecocité en 2009. En effet, Euroméditerranée est un quartier faisant l’objet d’une politique de réaménagement urbain conçue sous l’angle du développement durable et de la réduction de l’empreinte carbone, se traduisant en partie par la construction de bâtiments à énergie positive labelisé BBC.

L’établissement public Euroméditerranée (EPAEM) aménage un territoire de 470 hectares au cœur de la cité phocéenne avec l’ambition de contribuer aux objectifs de la transition écologique dans le respect des spécificités urbaines, climatiques et socioéconomiques.

Né d’un partenariat entre l’établissement public Euroméditerranée (EPAEM), les collectivités territoriales et Engie, le projet Thassalia s’intègre parfaitement dans ces ambitions environnementales. Un projet innovant et cohérent avec la volonté de faire d’Euroméditerranée un laboratoire de la ville durable, pensé en totale adéquation avec le territoire. La production de chaleur et de froid est ainsi issue d’une ressource stable qui ne souffre pas d’intermittence, les eaux marines.

Au-delà de l’enjeu environnemental inhérent à l’utilisation des énergies renouvelables, l’argument financier a également été décisif. Raccorder une partie des bâtiments de l’Ecocité à la centrale de géothermie marine permet non seulement de réduire l’impact carbone du quartier mais permet également de stabiliser et de maîtriser la facture énergétique en s’affranchissant des fluctuations de coût des énergies fossiles. Les usagers bénéficient ainsi d’une énergie décarbonée compétitive et à coût maitrisé.

La transition énergétique est un axe fort de la politique de la ville de Marseille. Au-delà du projet Thassalia, la ville s’est lancée dans l’élaboration d’un plan d’actions climatiques, Marseille 2030, ayant pour objectif d’atteindre un bilan carbone proche de 0. Symboles de cette implication pour le développement de la chaleur renouvelable, deux projets sont en cours : l’extension du réseau de chaleur vers le quartier Porte d’Aix, et la construction d’un nouveau mode de production de chaleur renouvelable pour un des réseaux urbains.

L'infrastructure mise en place

Le réseau de chaleur et de froid alimenté par la centrale de géothermie marine est un réseau privé, détenu par Engie, et soutenu financièrement par la collectivité.

Une trentaine de bâtiments sont raccordés aux 4 km de réseau, soit près de 500 000 m² de bureaux et de logements alimentés en chaud et en froid renouvelables. Parmi ces bâtiments figurent les bâtiments des Docks (Constructa), le centre commercial Les Terrasses du Port, des bâtiments de bureaux et de logements tels que la Marseillaise, le Calypso, le Floreal et l’Hermione (Euromedcenter), des hôtels tels que le Golden Tulip (hotel). Au total, on dénombre 10% à 20% de contrats publics, et 80% à 90% de contrats privés.

La centrale de géothermie marine, d’une puissance 20 MWh en chaud et en froid, exploite l’énergie calorifique récupérée dans les fonds marins et la transforme pour alimenter en chaleur et en froid renouvelables l’ensemble de ces bâtiments.

Pour ce faire, l’eau est pompée dans la mer à 7 mètres de profondeur avant d’être transportée dans la centrale géothermique. Cette eau de mer, à environ 14 degrés l’hiver et 22 degrés l’été, alimente des échangeurs thermiques reliés aux thermofrigopompes (TFP) et aux groupes froids, apportant des calories pour chauffer quand il fait froid et des frigories pour rafraîchir lorsqu’il fait chaud. Les thermofrigopompes et les groupes de froid permettent ensuite de produire de la chaleur, jusqu’à 61°C, ou du froid, jusqu’à 4°C, selon les besoins. Des chaudières gaz de secours complètent l’installation afin de garantir une continuité de service en toute circonstance. L’énergie est ensuite acheminée vers les bâtiments raccordés au réseau pour les chauffer ou les climatiser.

Cette solution permet à l’Ecocité d’afficher un taux d’énergie renouvelable qui atteint les 80% et de réduire de 70 % ses émissions de gaz à effet de serre.

Durée des travaux (centrale) : 1 an

Mise en service: janvier 2016

Les acteurs du projet sur le territoire :

La construction de la centrale et du réseau urbain a mobilisé près de 100 personnes sur toute la durée du chantier. La majorité des entreprises sollicitées sur toute la durée du projet sont des entreprises locales. L’impact économique sur le territoire est donc indéniable.
De plus, on dénombre aujourd’hui 4 emplois directement liés à l’exploitation quotidienne de la centrale de géothermie marine. Quant aux usagers, ils bénéficient grâce à cette installation d’une énergie à coût stable et maitrisé.

Les financements

Coût global de du projet : 35 M d’€
Financement de l’ADEME : 3.34 M d’€, soit 9.5%
Autres aides : FEDER : 1.6M d’€ – Région : 1 M d’€ – Département : 500 k € – Ville : 250 k € – Métropole : 250 k €